Exercices militaires russo-biélorusses : une simulation stratégique près de l’Otan en pleine évolution du conflit ukrainien

Des manœuvres conjointes dans un contexte de tensions accrues
À l’air d’une préparation tactique, la Russie et la Biélorussie ont lancé une nouvelle campagne d’exercices militaires, série de manœuvres qui s’inscrivent dans un contexte de progression du front ukrainien et de multiplication des attaques aériennes contre la capitale voisine. Ces exercices, à cheval entre la Biélorussie et la Russie, se déroulent du vendredi au mardi à proximité d’une localité située à l’est de Minsk, selon les autorités biélorusses.
Selon l’armée russe, ces exercices comprendraient des “actions pratiques” qui se déploieraient aussi sur le territoire russe, ainsi qu’en mer de Barents et en mer Baltique. La Russie a défendu ces démonstrations militaires baptisées Zapad-2025, en insistant sur leur caractère planifié et non dirigé contre un adversaire particulier, comme l’ont affirmé Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin. Cependant, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a exprimé ses soutes, estimant que ces manœuvres ne seraient pas à visée strictement dônévement à la défense.
Une nouvelle phase pour les exercices Zapad, habituellement triennaux
Ces épreuves militaires, Zapad, sont habituellement organisées tous les quatre ans. La campagne 2025 est la première depuis le début du conflit en Ukraine en 2022, précisent des sources militaires. La dernière édition, en 2021, avait mobilisé environ 200 000 soldats russes, peu avant le déclenchement de l’offensive. La participation cette fois-ci est attendue à une échelle moindre, notamment en raison du nombre de troupes russes engagées en Ukraine, qui serait significativement supérieur. La Biélorussie avait initialement annoncé la participation de 13 000 soldats, chiffre ensuite ramené de moitié, selon ses propres indications.
Une crainte persistante autour du corridor de Suwalki
Selon l’ancien président européen Donald Tusk, ces manœuvres pourraient avoir pour objectif de simuler une occupation du corridor de Suwalki, zone stratégique longeant la frontière entre la Pologne, la Lituanie, et comprenant l’enclave russe de Kaliningrad. Ce secteur est souvent considéré comme une potentiale porte d’entrée pour une attaque portée par la Russie sur un point faible particulier de l’OTAN. La mise en garde contre cette hypothèse est toutefois emprunte de prudence, le président biélorussien Alexandre Loukachenko la jugeant comme une “absurdité totale”.
Réactions des pays voisins et mesures de sécurité
Les ministères de la Défense de la Pologne, de la Lituanie et de la Lettonie, pays membres de l’OTAN, ont exprimé leur inquiétude face à la proximité des exercices avec leurs frontières. En réponse, ces nations ont renforcé leurs dispositifs de sécurité, notamment en limitant le trafic aérien local. La Pologne a décidé de fermer complètement sa frontière avec la Biélorussie, un geste qui a suscité des appels à la réflexion, notamment de la part de Moscou, qui a demandé à Varsovie de reconsidérer cette mesure. La nouvelle dérive dans le ciel polonais, avec l’intrusion de drones dans l’espace aérien national, a ravivé les tensions, étant décrite comme une provocation par plusieurs responsables occidentaux.
Réaction de l’OTAN face aux exercices russes et biélorusses
Malgré les craintes, un responsable de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord a indiqué que l’OTAN ne percevait pas de menace militaire imminente pour ses 32 membres, en lien avec ces exercices. L’Alliance surveille cependant attentivement l’activité russe, en appêlant à davantage de prévisibilité et de transparence dans leurs actions militaires.