Taxe de transit en Suisse pour les véhicules en transit autour du Gothard : proposition et réactions

Contexte et mécanisme envisagé
Chaque été, les routes autour du Gothard sont perturbées par des files interminables, alimentées notamment par des vacanciers se rendant vers les rivages de la Méditerranée. Dans ce cadre, une taxe de transit pourrait concerner les véhicules qui entrent en Suisse depuis un pays voisin et en sortent vers un autre voisin sans s’arrêter sur le territoire helvétique.
Le Conseil des États a adopté, à l’unanimité, une motion déposée par Marco Chiesa (UDC/TI) en faveur de cette mesure. Les exonérations éventuelles dépendraient d’accords internationaux, et le dispositif serait tarifé en fonction de la densité du trafic, de l’heure et du jour de la semaine afin d’inciter certains créneaux et d’alléger le trafic sur les routes nationales, en particulier sur les axes nord-sud. Le produit de la taxe serait affecté au Fonds pour les routes nationales et le trafic d’agglomération (FORTA).
Réactions et enjeux
Selon Marco Chiesa, les routes nationales, et notamment les grands axes alpins, souffrent d’un trafic de transit qui n’apporte aucun bénéfice au pays, et il a estimé inacceptable que la Suisse endure encore les conséquences de ce trafic. Stefan Engler a pour sa part insisté sur le fait que la protection de la population prime sur les désirs d’atteindre rapidement les plages de la Méditerranée.
Du côté du gouvernement fédéral, le Conseil fédéral s’est opposé au projet, évoquant des obstacles administratifs et la nécessité d’assurer une surveillance complète des postes-frontière. Il s’est aussi interrogé sur la réaction éventuelle de l’Union européenne, même si cette taxe de transit ne contrevenait pas nécessairement aux accords en vigueur.
Le National doit encore se prononcer, et l’on perçoit peu de chances que le texte soit rejeté, même si rien n’est encore sûr.
Position associative et perspectives
Pro Alps s’est dit ravie de l’orientation prise, rappelant que le trafic de voyageurs sur l’axe nord-sud, notamment via le Gothard et le San Bernardino, exerce un impact important sur les populations locales. L’association souligne que la part de véhicules étrangers au tunnels du Gothard peut atteindre jusqu’à 80 % les jours de forte affluence et appelle à affecter les recettes de la taxe à l’infrastructure ferroviaire et à la protection des Alpes. Elle rappelle également que le National avait rejeté de justesse l’idée d’un péage alpin en mai 2025 et propose que les recettes soutiennent directement les investissements alpins et le réseau ferroviaire.
Perspectives et prochaine étape
Le dossier doit encore être examiné par le National, qui décidera des ajustements éventuels avant une éventuelle mise en œuvre. Le débat s’inscrit dans une logique de mobilité et de protection des territoires alpins, au cœur des préoccupations publiques.