Initiative « Sauvons le Mormont » : la droite vaudoise et les milieux économiques défendent le non

Une campagne lancée pour s’opposer à l’initiative sur le Mormont
Jeudi, à Echallens, le comité « Non à l’initiative extrême sur le Mormont – Oui à l’économie circulaire » a présenté ses arguments lors d’une conférence de presse. Cette mobilisation est coordonnée par la Fédération vaudoise des entrepreneurs (FVE) et réunit plusieurs personnalités politiques, dont le conseiller aux États Pascal Broulis (PLR/VD), les conseillers nationaux Yvan Pahud (UDC/VD) et Céline Weber (Vert’lib/VD), ainsi que le député et chef de groupe PLR Nicolas Suter.
Une initiative visant à protéger la colline
L’initiative populaire « Sauvons le Mormont », déposée en 2022 à la suite de la mobilisation de la ZAD, propose d’inscrire dans la Constitution vaudoise la protection de cette colline emblématique. Elle prévoit l’interdiction de toute activité d’exploitation sur ce site naturel.
Les arguments avancés contre le texte
Selon Pascal Broulis, l’économie vaudoise nécessiterait aujourd’hui davantage de stabilité et de prévisibilité. Il estime que l’adoption de cette initiative pourrait remettre en cause de nombreux emplois, notamment dans le secteur industriel et la construction. D’après le comité, ce sont environ 10’000 postes liés directement au secteur et plus de 30’000 emplois du bâtiment dans le canton qui pourraient être affectés indirectement.
Un approvisionnement stratégique en matériaux
La Suisse consomme environ cinq millions de tonnes de ciment par an, dont 86% sont produits par des cimenteries nationales. Les infrastructures publiques telles que les transports, les écoles ou les hôpitaux nécessitent ce matériau. Le Tribunal fédéral aurait reconnu l’importance nationale de la carrière du Mormont pour l’approvisionnement en ciment de Suisse romande. Le comité avertit que, si le site venait à fermer, environ 40% des besoins en ciment du canton devraient être couverts par des importations, impliquant un surcroît estimé à 60’000 trajets de camions venant de l’étranger, avec des impacts logistiques et environnementaux associés.
Valorisation des déchets et énergie locale
Chaque année, environ 200’000 tonnes de déchets industriels (boues, farines animales, pneus, huiles, solvants, etc.) seraient valorisées par la cimenterie pour la production. Cette activité permettrait aussi de récupérer la chaleur des fours, utilisée pour chauffer environ 2’000 foyers voisins. Le comité estime que ces bénéfices seraient perdus en cas d’arrêt de l’exploitation.
Une alternative soutenue par les opposants à l’initiative
Les représentants de la campagne plaident pour le contre-projet direct du Conseil d’État, présenté comme une voie permettant de concilier développement économique et exigences environnementales. « Ce projet enverrait un message fort aux entreprises et à la recherche en matière de durabilité », affirme Céline Weber.
La population vaudoise sera appelée à se prononcer sur cette initiative et le contre-projet lors du scrutin prévu le 31 mars 2025.