Hausse des primes maladie : Baume-Schneider évoque un problème majeur et appelle à poursuivre les réformes

Contexte : qualité du système de santé et hausse des primes
La conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider a rappelé mardi que la qualité du système de santé suisse est indiscutable, citant un personnel soignant qualifié, des traitements à la pointe, des infrastructures de qualité et la confiance dont bénéficie la population. Elle a également souligné l’impact positif de l’allongement de l’espérance de vie et des avancées de la recherche qui ouvrent la voie à de nouveaux traitements.
Mais cette réussite se double d’un coût plus élevé pour la santé et, par conséquent, pour les primes d’assurance maladie. Si l’augmentation prévue pour 2026 est moins marquée que par le passé, ce qui démontre que la maîtrise des coûts n’est pas une chimère, Baume-Schneider demeure insatisfaite et appelle à poursuivre les efforts pour en réduire l’ampleur.
Table ronde et mesures à court et moyen terme
La conseillère fédérale souligne qu’elle reste en contact avec les acteurs du secteur, notamment à travers des tables rondes. Deux réunions ont déjà eu lieu et une troisième est programmée en octobre. L’objectif est de mettre en œuvre des mesures à court et moyen terme pour réaliser, dès l’année prochaine, une économie d’environ 300 millions de francs, soit 1% des primes.
Positions des acteurs et questions de politique industrielle
Dans ces échanges, des demandes de hausse des prix des médicaments ont été formulées par des représentants de l’industrie pharmaceutique. Baume-Schneider rappelle toutefois son soutien aux conditions cadres du secteur et écarte toute possibilité d’augmenter les coûts des médicaments pris en charge par les payeurs de primes, précisant que ces questions relèvent de la politique industrielle et non directement de la santé ou de l’assurance sociale.
Lors de l’émission Forum, elle est revenue sur l’initiative du Parti socialiste visant à lier les primes au niveau de revenu. Genève envisage une caisse publique – pas nécessairement unique – et plusieurs cantons envisagent des réseaux de soins. Le statu quo ne semble pas satisfaire la majorité et soulève des questions.
Nouvelles mesures et EFAS
Anne Lévy, directrice de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), a mis en avant les améliorations à venir grâce à des mesures récemment décidées. Le contre-projet à l’initiative visant à freiner les coûts entrera en vigueur dès l’année prochaine, et le Conseil fédéral fixera des objectifs relatifs à la croissance maximale des coûts dans l’assurance obligatoire.
Elle a aussi mentionné l’entrée en vigueur du contre-projet à l’initiative d’allègement des primes et l’obligation pour les cantons de contribuer au financement de la réduction des primes. L’entrée en vigueur en 2028 du financement uniforme des prestations (EFAS) est présentée comme un levier qui déchargera les payeurs, avec un effet qui sera uniforme mais variable selon les cantons. Baume-Schneider précise toutefois qu’elle ne peut pas promettre une baisse des primes dans les années à venir.
Le Valais et d’autres cantons sous pression
Le Valais figure parmi les cantons les plus touchés par la hausse des primes maladie, avec une progression de 5,9% — la deuxième plus forte au niveau national après le Tessin (7,1%). Le canton affirme utiliser « toute sa marge de manœuvre » pour limiter l’augmentation et rappelle que les primes valaisannes restent parmi les moins chères de Suisse romande, tout en appelant à un pilotage fédéral solide, transparent et solidaire.
Mathias Reynard, conseiller d’État responsable de la santé et des affaires sociales valaisannes, déplore l’influence des lobbies et appelle les pouvoirs publics à prendre leurs responsabilités. Il pointe l’augmentation des primes et la pression exercée sur les ménages, tout en plaidant pour des solutions coordonnées au niveau fédéral.
Caritas et soutien social
Caritas invite les cantons à augmenter les réductions de primes afin d’amortir la hausse des coûts de la santé. Aline Masé, responsable du service Politique sociale, souligne que les réductions seules ne suffisent pas et qu’il est nécessaire de répartir les coûts de manière plus solidaire. Les services de conseil social et d’endettement constatent une demande croissante et le coût de la santé demeure un sujet central dans les entretiens.
Appel des médecins et perspective hospitalière
La Fédération des médecins suisses (FMH) appelle à poursuivre les réformes en cours afin d’assurer une meilleure efficacité des coûts et des soins de haute qualité. Parmi les réformes évoquées, l’introduction du financement uniforme des prestations (EFAS) est présentée comme un levier clé pour favoriser le virage ambulatoire, une orientation jugée indispensable face à la pénurie de personnel qualifié. La FMH mise également sur des modèles de soins intégrés et sur des interfaces coordonnées entre les secteurs hospitalier et ambulatoire.
Les hôpitaux et l’ambulatoire
L’association H+ Les Hôpitaux suisses exprime une forte inquiétude face à la montée des primes et milite pour promouvoir systématiquement l’ambulatoire, avec des tarifs qui couvrent les coûts. Dans un contexte où la situation financière des hôpitaux et des cliniques demeure délicate, H+ invite le politique et les caisses maladie à repenser le système afin d’assurer une offre de soins soutenable et équitable.