Lac de Lough Neagh en Irlande du Nord : dégradation écologique et problématiques sanitaires liées à la prolifération d’algues toxiques

Lac de Lough Neagh en Irlande du Nord : dégradation écologique et problématiques sanitaires liées à la prolifération d’algues toxiques

Une invasion d’algues bleu-vert bouleverse le plus grand lac du Royaume-Uni

Le lac de Lough Neagh, situé en Irlande du Nord, fait face à une prolifération exceptionnelle d’algues cyanobactéries, aussi appelées algues bleu-vert. Pour la troisième année consécutive, ces micro-organismes ont envahi le lac, lui donnant une teinte verdâtre évoquant une soupe aux pois, accompagnée d’une odeur d’œufs pourris perceptible à plusieurs kilomètres. La superficie couverte par ces algues est telle que la coloration est visible depuis l’espace, révélant l’importance de la pollution qui affecte cet écosystème.

Les conséquences environnementales et sanitaires de la prolifération d’algues

Une dégradation de l’écosystème et des activités humaines

Les habitants comme Mary O’Hagan, résidant à Ballyronan, expriment leur inquiétude face à la gravité de la situation. Selon elle, le lac semble menacé de dégradation avancée, des canards se débattant sur des pierres recouvertes d’une couche verte et glissante. La croissance de ces algues s’explique, selon certains experts, par la pollution industrielle, agricole, les eaux usées non traitées, la présence accrue de moules zébrées, ainsi que par le changement climatique. Cette prolifération a un impact direct sur la pêche locale, en comprimant la biodiversité aquatique, notamment en provoquant la disparition de certaines espèces comme les truites, et en limitant l’usage récréatif du site, avec désormais l’interdiction de baignade le long de ses 125 kilomètres de rivages.

Une crise qui affecte aussi la santé et l’économie locale

Les nuisances olfactives causées par ces algues dissuadent également les touristes : l’odeur nauséabonde aurait pu être détectée à plusieurs kilomètres, ce qui a pour conséquence une baisse significative de la fréquentation. Mick Hagan, qui pratique la pêche dans une rivière voisine, indique que la présence massive de ces micro-organismes a provoqué la disparition de nombreuses truites et impacte la faune locale, notamment les oiseaux, couverts de boue verte. Par ailleurs, l’écosystème régional est fragilisé, ce qui compromet également les activités économiques, telles que la navigation de plaisance ou les entreprises de loisirs nautiques, déjà affectées par cette pollution.

Réactions institutionnelles et responsabilité des acteurs industriels

En juillet 2024, le gouvernement régional a lancé un plan d’action pour tenter de contrôler cette prolifération, bien que moins de la moitié des mesures initialement prévues aient été engagées. La pollution proviendrait principalement des rejets d’engrais utilisés en agriculture, directement liés à la filière agroalimentaire, ainsi que du déversement d’eaux usées non traitées. La société Moy Park, impliquée dans la filière avicole, a contesté toute responsabilité, arguant que ses activités sont fortement réglementées et soumises à des normes strictes concernant la qualité des eaux usées. La situation reflète la complexité d’un problème environnemental multifactoriel, nécessitant une approche globale pour limiter ses impacts écologiques et sanitaires.